Et oui, vendredi 13... je ne suis pas particulièrement superstitieuse mais en me levant vendredi, je me suis quand même demandée si la journée allait bien se passer. Et un peu égoïstement, je pensais à ma petite personne.
Et puis la journée s'est déroulée sans accrocs. Fin de journée, j'ai fais le crochet pour récupérer mon petit bonhomme à l'école... c'est la semaine avec maman. Je suis heureuse de l'avoir, il est mon rayon de soleil, une partie de moi-même. Comme dirait ma propre maman, je l'ai fabriqué, il est mon sang et ma chair, c'est un morceau de moi".
Et puis de retour à la maison, en fermant la porte du garage, voilà que la poignée en plastique me casse dans la main et m'entaille l'index de la main droite.
J'ai juré, pesté, râlé ! Et dans ma tête je me suis dit "Eh ben voilà la tuile de la journée".
J'ai soigné ma main et puis mon petit bonhomme et moi, avons pris notre souper. Il voulait regarder Star Wars 2.
Après le film, quand je l'ai eu couché, j'ai zappé. J'étais sur le point d'aller dormir.
Et là, j'ai compris que mon vendredi 13 était une blague. que ma petite égratignure à la main, c'était rien du tout ... que le véritable vendredi 13, celui digne d'un scénariste hollywoodien de film catastrophe, se passait en direct sous mes yeux et ceux de milliers de téléspectateurs.
Je suis dans mon divan, incrédule, la bouche ouverte, les yeux rivé sur cet écran de télé.
Je me suis rappelé les attentats du 11 septembre 2011. Le jour de la chute des tours, j'étais en Suisse, en vacances chez mes grands-parents. Nous étions dans un centre commercial et j'ai entendu un caissier dire à une de ses collègues "Alors tu vois l'avion qui s'encastre dans la tour et les gens qui sautent par les fenêtres... Moi, j'ai pensé "Tiens encore un film catastrophe américain"... je pensais qu'il racontait le film qu'il était allé voir au cinéma...je ne pensais pas qu'il parlait ce qui se passait en temps réel.
Puis on nous annonce la prise d'otage... puis, je vois cette jeune femme suspendue à l'une des fenêtres du Bataclan. J'ai les larmes qui me montent aux yeux. Les informations suivent et je n'arrive pas à m'arrêter de pleurer. Le nombre de morts augmente.
Ce n'est pas la curiosité mal placée qui me cloue devant la télé, mon seul souhait c'est de voir arriver les forces spéciales et qu'on nous disent que les salopards sont tous tués et qu'on a pu libérer les pauvres gens piégés.
Dans la foulée, je suis allée chercher mes pinceaux et mes tubes de couleur. Je ne sais rien faire pour tous ces malheureux, les gens se font tuer et je suis impuissante. J'avais une petite toile sur laquelle j'avais un texte écrit au bic...la toile attendait de passer à la poubelle.... je l'ai attrapée, j'ai installé mes couleurs sur la table du salon, face à la télé et j'ai peint... un drapeau tricolore et en son centre, sur la partie blanche, j'ai peint une énorme larme et l'inscription RIP.
Puis une fois sec grâce à mon sèche-cheveux, je l'ai mis à ma fenêtre. Je ne pleurais plus, pas parce que je n'étais plus triste, mais parce que grâce à ma petite peinture, j'ai eu l'impression de pouvoir participer à ma façon à montrer ma solidarité en cette cruelle nuit de l'horreur.